Japon: la nature espiègle et enchantée.
Au Japon, la nature ne s’oppose pas au monde humain et non seulement les frontières entre domestique et sauvage n’existent pas mais la culture est soluble dans la nature. C’est peut-être pour cela que c’est le dernier pays des rêves comme le note l’anthropologue Alan Mcfarlane. Resté isolé du reste du monde durant deux siècles jusqu’en 1854, le Japon est un pays pétri de paradoxes et de contrastes. Un archipel étonnamment insaisissable et secret, vivant dans un monde habité d’esprits (des kamis) et de yokaïs, des êtres surnaturels tantôt espiègles ou sinistres appelés également des mononoke. Ici, les montagnes comme les arbres, les rivières, les animaux ou les herbes abritent ces esprits et il convient de les honorer. Non par peur de sanctions divines mais pas respect, par rituel. Trois claquements dans les mains, une centaine de yens et on peut continuer son chemin. Intelligents, braves mais pas omniscients, les kamis forment un monde parallèle, imperceptible. Ce n’est pas un monde fini et idéal façon paradis, ils sont juste ici, là et partout, au cœur d’une civilisation japonaise sensible, espiègle et enchantée. Un paysage culturel magique qui ne se rencontre que dans les contes de fées et la poésie de John Keats ou de William Yeats. Néanmoins, le paradoxe n’est jamais loin et si la forêt abrite moult kamis, elle est aussi partout coupée et remplacées par de vastes monocultures de cryptomérias destinés notamment à la fabrication de baguettes jetables. Le printemps annonce l’évènement le plus adulé des japonais: la floraison des cerisiers. « La vérité est beauté, la beauté vérité » disait Keats, et l’esthétisme est l’un des pivots de la société nippone. Mais l’instant s’évanouit sans cesse et afin d’éviter que le rêve s’évapore, on photographie. Quelques pixels pour tétaniser le présent, quand autrefois, les pinceaux immortalisaient ces instants.
Partons explorer ces liens surprenants et passionnants….